Errekaidorra  Iratiko Bihotzean Au coeur d'Iraty
Sentier d'interprétation.

En 2013, lors de ma visite aux Casas d'Iraty  et à la chapelle Elurrako Ama , notre Dame des Neiges d'Iraty, j'avais constaté les débuts des travaux d'aménagements d'un sentier d'interprétation . La passerelle sur le ruisseau IDORRA ( Erreka Idorra) était construite, les socles des panneaux explicatifs aussi et certains sites aussi ( charbonniere, etc ..) mais nous étions loin de son achèvement.
Une récente visite en famille avec de jeunes enfants m'a permis de faire en grande partie ce sentier d'interprétation.

2 points de départs possibles : le parking Paxula sur la piste pont d'orgate - col de Jaureguiko Lepoa


Nous avions décidé d'aller à las casas de iraty , et à la chapelle des neiges. Mais enfants n'étant pas trop motivés pour marcher, nous avons choisi plutôt que de faire la boucle totale , de faire un AR depuis le parking de Paxula.

Arrivés au parking, le panneau d'accueil du sentier d'interprétation était présent, et nous incita à s'y attarder.
Sur le panneau, on pouvait lire :


Bienvenue sur le sentier transfrontalier d'Errekaidorra à lraty. Ce sentier est le reflet de notre projet commun et la passerelle qui permet de traverser le ruisseau d`Errekaidorra symbolise les liens qui se tissent entre nos vallées depuis des
générations,

lraty était hier encore un lieu de vie intense basé sur l'utilisation des ressources forestières : le bois d'abord pour produire mâts et meubles, pour alimenter verrerie et autres fabriques, pour chauffer les habitations , les fruits de la forêt pour les troupeaux de brebis qui peuplent nos vallées depuis le néolithique et dont l'élevage,
l'une des premières ressources économiques a animé les premiers échanges transfrontaliers au travers des faceries. 

lraty c'est un espace géré par l'homme, lieu de mythes et légendes et qui abrite une diversité floristique et faunistique exceptionnelle. Vous découvrirez toutes ces activités qui continuent de faire battre le coeur d' Iraty aujourd'hui en parcourant le sentier d'interprètation d`Errekaidorra , ponctué de placettes  de musée à ciel  ouvert,

Iraty. un espace commun que les « Juntas de valles » de Salazar et d'Aezkoa, et les Commissions Syndicales de Soule et de Cize gèrent et développent aujourd'hui. Ce sentier transfrontalier est le fruit du projet mené conjointement par la Junta de Salazar et le Syndicat de Soule. Nous vous invitons à pénétrer  dans ce lieu caché, peu connu mais plein de vie: Iraty.

Distance totale 9830m
Déniveléé en montée ; 390 m
Durée de parcours : 2h30'
Durée pour aller aux casas de Irati :1 h

Sur le panneau , également présente une carte du sentier d'interprétation, avec explications trilingues.
( ce panneau est également présent au point de départ de las casas de Iraty)
Nous vous le présentons.


et nous voici partis vers las casas de Iraty, visitant les postes du sentier d'interprétation



1ere station : A : Cable aérien pour l'extraction du bois 1910 - 1970





derrière le poste , 2 panneaux explicatifs



Câbles I

Du côté français où les bois ne pouvaient être mobilisés grâce à la rivière, les câbles furent le principal système d'extraction. Les grandes exploitations modernes ne commencèrent qu'en 1927, lorsqu'elles furent rendues possibles par l'installation d'un grand câble.

Ce câble constituait une réelle prouesse technique , à une époque où ce genre d'installation était pourtant assez courant. Ses deux tronçons , de 6 et 13 km reliaient la scierie de Mendive depuis la frontière. Les troncs parcouraient ainsi une distance pouvant atteindre 19 kms et un dénivelé de plus de 1000m. Si l'on prend en compte les câbles secondaires, ramifications organisées en arêtes de poissons et servant à rassembler les bois vers la ligne principale, ce sont plus de 50 kms qui furent installés.

Ce câble qui reliait les villages de la vallée à un point de la frontière situé au plus profond de la forêt fut bien plus qu'un outil destiné à l'exploitation forestière. Il fut également utilisé lors du développement des premières activités touristiques dans les années 1930, comme moyen d'évasion par la résistance entre 1943 et 1945, ainsi que pour de nombreuses opérations de contrebande.

Du côté espagnol, l'apparition des câbles fut plus tardive et ils devinrent assez courants entre 1940 et 1970. Un total de près de 100 kms de câble fut installé sur l'ensemble de la forêt d'Iraty et il est encore possible d'apprécier leur empreinte su le paysage.




Câbles II

Le système de câble employé dans cette partie de la forêt d'Iraty
était connu sous le nom de tricâble et était constitué de deux gros câbles parallèles et statiques , les «porteurs» sur lesquels circulaient des chariots auxquels étaient suspendus les bois.

Un troisième câble ,le «tracteur», formait une boucle fermée et servait à la traction des charriots qui y étaient fixés. La traction était assurée par un moteur ou, lorsque la pente le permettait, par le propre poids des charriots chargés de troncs qui circulaient sur l'un des porteurs , les chariots vides remontant sur l'autre.

A chacune des extrémités , d'imposantes structures maintenaient les câbles tendus et servaient de support aux roues du câble tracteur. Tout au long du parcours , de grands pylônes permettaient d'éviter que les charriots et les bois qu'ils transportaient ne touchent le sol.

Le tronçon de 13 kms du câble principal d'Iraty pouvait transporter en même temps jusqu'à 22 chariots chargés chacun avec plus d'une tonne de bois . La vitesse du câble était très lente , comparable à un rythme de marche à pied , et il fallait environ trois heures pour parcourir l'ensemble du trajet vers la scierie.

Ici, vous pouvez voir une réplique à l'échelle 1/2 ( soit à la moitié de sa taille originale) de la station «terminus» située originellement à la frontière ainsi que d'un pylône .
Vous trouverez également y des pièces et câbles originaux, abandonnés après l'arrêt des travaux en 1953. En tout , ce sont plus de 200 000 tonnes de bois qui passèrent par cette structure.

Ensuite nous passons près de la borne frontière, traversons la nouvelle passerelle d'Errekaidorra construite dans le cadre de ce sentier d'interprétation. Ensuite nous somme remontés parles lacets du nouveau sentier et avons rejoint , près d'un panneau explicatif , la piste d'Erreka Idorra.


 le thème du panneau était : Irati , le printemps et l'été.




Irati , printemps été.

La forêt commence un nouveau cycle de vie . le soleil gagne de la hauteur au dessus de l'horizon, les jours rallongent et l'atmosphère se réchauffe. Les fortes pluies laissent place progressivement à des journées de ciel dégagé. La neige recule lentement vers le sommet de l'ORI, sentinelle de la région. Le dégel maintient les débits de la Nive, l' Urbeltza et l' Urtxuria à des niveaux élevés . Au début de l'été, ces deux dernières rivières diminueront en montrant la pierre nue de leurs lits.

Les êtres vivants sortent lentement de leur hibernation. Dans l'épaisseur , des plantes herbacées comme l'Oxalis des bois ou l'Anémone fleuriront avant que les feuilles des hêtres ne poussent . Dès le mois de mai, celles-ci capteront environ 80%  de la lumière incidente et plongeront la forêt dans la pénombre.

Les mammifères comme la Martre ou le Loir gris caractéristique , et les oiseaux forestiers comme le Pic noir permettront enfin à leurs petits de sortir de leurs tanières et de leurs nids.

La chaleur des longues journées de juillet contraste avec la fraîcheur matinale en montagne.

Le réchauffement du sol déclenche la prolifération d'insectes, d'arachnides et de mollusques. L'un d'eux, la Loche des hêtres se laisse voir la nuit ou les jours de pluie sur les troncs pour s'alimenter des lichens qui recouvrent l'écorce.
 
  La chaleur du soleil active les cycles de vie des reptiles et amphibiens. Tandis que les premiers sortent de leur coquille et exposent leurs corps au soleil sur les pierres, les amphibiens comme le Crapaud accoucheur effectuent leurs pontes et les couvent jusqu'à l'éclosion abrités dans l'épaisseur de la forêt, sous un tronc ou parmi les feuilles mortes.
 
  Le forêt de hêtres reprend de la vigueur et repousse , augmentant sa biomasse. De mai à octobre, le vert sera la couleur dominante de la forêt.
 
  La repousse des graminées et légumineuses coïncide avec le retour de la transhumance : le bétail quitte les vallées et monte dans les prairies d'altitude . Chevaux, vaches et troupeaux de brebis vont partager les vastes pâturages d' Iraty à Abodi , Iropil , Azpegi ou Ezkanda . Le parcage fertilise les sols en favorisant les pâtures marquées par une riche diversité des espèces, très nutritives , qui donnent une excellente production de lait de brebis. Grâce à celles-ci, les bergers produisent des fromages de qualité supérieure dans leurs bergeries et cabanes d'alpage , lieu de résidence estivale.
 
  Au printemps et en été, de nombreux alpinistes , promeneurs ou cyclistes VTT sillonnent la région en empruntant son vaste réseau de pistes et de sentiers balisés. Canne en main, les pêcheurs parcourent les tronçons de rivière réservées à la pêche , en appréciant la bonne conservation de l'écosysteme fluvial.

Nous continuons notre descente vers las Casas de Irati par la piste.
Bientôt nous nous trouvons en pleine zone d'exploitation foretiere. Un camion sera là pour charger du bois.
En faisant attentions aux engins et à la boue, nous poursuivons en arrivons à une nouveau panneau : Irati en automne.




 Irati , l'automne

 Les jours raccourcissent et le soleil descend, l'atmosphère se refroidit autour d'Iraty.
  
 Les vents océaniques s'accompagnent de fortes pluies et l'air devient plus frais et humide. Des épisodes intercalés de vent du sud et de l'effet de Foehn réserveront encore quelques journées ensoleillées et chaudes.
  
Les hêtres se préparent à supporter la longue pause hivernale. Les feuilles perdent leur couleur verte et se teintent de jaune et d'ocre, opérant un changement spectaculaire du paysage . En Novembre, les feuilles commencent à tomber et jonchent le sol de la forêt de hêtres.

Pendant ce temps , la forêt plonge progressivement dans le silence. Les trilles des pinsons des arbres (Fringilla coelebs), des sittelles torchepots ( Sitta europea) ou des piverts se sont éteints depuis l'été. Les mugissements des cerfs retentissent à présent lors du brame.

Insectes, mollusques et arachnides complètent leur cycle de vie . Après les copulations, ils réalisent leurs pontes et garantissent ainsi la survie.
  
Les fruits des arbres et arbustes poussent : les faines nutritives , ainsi que les baies des sorbiers, houx, et aubépines sont à la disposition de la faune forestière . Ils constitueront une ressource vitale pour affronter les rigueurs de l'hiver.

Les champignons poussent également parmi les feuilles mortes : bolets, russules ou amanites. Ce sont les corps fructifères des champignons au sol, éléments indispensables à la forêt. Leurs hyphes ou thalles filamenteux vivent cachés dans le terreau en symbiose avec les racines des arbres et arbustes.
  
 Les ciels d' Iraty sont sillonnés de millions d'oiseaux migrateurs qui se déplacent vers le sud, dans leurs refuges d'hiver.  Une bonne partie des oiseaux migrateurs d'Europe de l'Ouest choisissent les coteaux d'Iraty pour franchir les Pyrénées. Le col Bagargui est un lieu privilégié pour l'observation.
Les grues , oies et cigognes volent haut dans le ciel , dessinant des lettres entre les nuages.  Les milans et bondrées apivores passent en groupe, tandis que les grives et autres passériformes frôlent les arbres. Ce sont des jours d'activité de chasse dans les coteaux. Derrière leurs parapets au sol ou juchés sur leur arbres , les chasseurs attendent l'arrivée des grandes bandes de pigeons ramiers. Le vent du sud les oblige à voler bas, passant à portée de tir.
  
En octobre les troupeaux de brebis quittent les prairies de montagne , avec leurs bergeries et cabanes de bergers , pour descendre dans les vallées. Vaches et chevaux le feront à leur tour dès les premières neiges , plus tard en automne . Les bordes éteignent leurs cheminées jusqu'à l'année suivante. En contraste avec ce départ, les visiteurs continuent d'affluer , attirés par la transformation magique des couleurs, l'odeur des feuilles mortes humides, le charme du brouilard attrapé entre les cimes des arbres font de l'automne une des meilleures saisons de l'année pour se promener dans l'épaisseur d'Iraty.



Nous continuons notre chemin. Nous voici près du panneau sur Iraty l'hiver.




 Irati , l'hiver

Les jours sont très courts et le soleil parvient à peine à dépasser les sommets d'Abodi. Les ravins et ruisseaux plongent dans la pénombre. Les fronts nuageux des tempêtes atlantiques donnent des précipitations abondantes et alternent avec des vagues de froid polaire qui tapissent de neige les cimes et coteaux.

Attirés par le manteau blanc , les skieurs de fond et les randonneurs en raquettes partent de Chalets d'Iraty et de Pikatua, émaillant les sentiers enneigés de couleurs vives. Lors de leurs traversées, ils franchissent la crête d'Abodi ou font le tour des sommets de  Xardeka, Bizkarze ou Escaliers, en attaquant l'Ori quand les conditions le permettent. La saison est idéale pour échapper à la vie urbaine particulièrement stressante.

Alors que les sapins résistent aux rigueurs du climat grâce à leurs feuilles aciculaires couvertes de cire, la plupart des hêtres ont perdus les leurs. Seuls les plus jeunes gardent leurs feuilles sèches sur les branches pour protéger les bourgeons. Quant aux autres, les bourgeons pointus encapsulés entre les bractées leurs suffisent pour protéger les nouvelles feuilles qui attendent l'arrivée du printemps.

Le silence s'empare de la forêt nue. Chevreuils et sangliers grattent les écorces des arbres et fouillent le sol en quête de tubercules ou d'invertébrés. Leurs empreintes dans la boue ou la neige trahissent leur présence.

D'autres mammifères se réfugient dans des tanières , dans les cavités des vieux troncs d'arbres ou entre les pierres, où ils veillent sur leurs petits . Certains , comme le Loir gris , hibernent en ralentissant leur métabolisme. Le Martre ( Martres martes) fera cependant de petites incursions dans la forêt pour se réalimenter.

Dans le terreau profond qui compose la couche supérieure du sol, la plupart des invertébrés forestiers passent inaperçus . Ils survivent à la rigueur de l'hiver au stade d' oeuf ou de larve.

Des petits passereaux comme les roitelets huppés ( Regulus regulus) , les mésanges charbonnières ( Parus Major) et les mésanges nonnettes ( Poecile palustris), les pinsons des arbres ( Fringilla coelebs) ou les bouvreuils ponceaux errent en groupes mixtes dans la forêt en quête de graines parmi les feuilles mortes ou un invertébré sous l'écorce des troncs. Les chants du Pic noir ( Dryocopus martius) et de la Chouette hulotte ( Strix aluco) , ainsi que la floraison précoce de quelque herbacées comme la Dent-de-chien annonceront la fin de la saison.

Le bétail pâture dans les vallées au coeur des fermes et villages. Les troupeaux de brebis Rasa de la Vallée de Salazar émigrent pendant plusieurs mois aux Bardenas, au sud de la Navarre , tandis que les troupeaux de brebis Manex partent en quête des près verts de Cize et de Soule.




Decauville

L'utilisation de voies ferrées pour l'exploitation forestière , généralement des voies Decauville , fut une pratique très répandue entre 1870 et 1950. Il s'agissait de voies légères et démontables qui pouvaient être installées facilement et permettaient d'augmenter considérablement la productivité des travaux de mobilisation des bois avant l'apparition des câbles et camions.

Ce système ne fut que peu employé en Iraty, d'une part parce que le relief ne le permettait pas et d'autre part car les autorités militaires espagnoles n'autorisaient pas la création de grand réseau. dans une zone frontalière de peur qu'ils ne facilitent les invasions de ce qu'elles considéraient alors comme «l'ennemi potentiel».
Il fut donc employé que dans certains vallons où circulait peu d'eau et où la traction animale était extrêmement difficile. Aucune locomotive ne circulait sur ces voies , seulement des plateformes rudimentaires qui descendaient grâce à la gravité ou tirées par des chevaux.

Ce type de voie fut employé dans cette vallée aux alentours de 1920. La voie ne débouchait pas directement sur la rivière Urbeltza, mais déviait à mi-pente en direction d'une clairière où les bois étaient entreposés jusqu'à ce qu'ils sèchent et soient préparés en vue de leur flottaisons ( photo de la zone en 1931).



Après le site de la voie ferrée Decauville, nous poursuivons et aboutissons aux casas de Iraty et à la «chapelle des Neiges d'Iraty Iratiko Elurako Ama ».
Nous ne manquerons pas d'aller lui rendre visite avant de redescendre vers le pont, le parking et la zone de piquenique .

Le site a beaucoup changé depuis quelques années. Les « Casas d'Iraty» en mauvaises état ont été restaurées et nous avons un magnifique bâtiment faisant office de bar-resto , avec un espace jeu pour les enfants.
Au bas, un parking aménagé, un lieu de piquenique avec eau et possibilité de faire des grillages, une maisonnette pour bureaux des gardiens.




Restaurons nous quelque peu avant de faire demi-tour et poursuivre sur le sentier d'interprétation Errekaidorra.

Errekaidorra Iratiko Bihotzean Au coeur d'Iraty 2/2 

Retour à las Casas de Irati  pour examiner la 2eme partie du Sentier d'interprétation Errekaidorra  d'Iraty.
Lors de la 1ere partie, nous avions avec les enfants fait un aller-retour depuis Paxula. Cette fois-ci , nous entamons la 2eme partie.
 Sur le site de las Casas de Iraty, nous retrouvons notre panneau de Bienvenu , identique à celui de Paxula , hormis le lieu de départ.





Bienvenue sur le sentier transfrontalier d'Errekaidorra à lraty. Ce sentier est le reflet de notre projet commun et la passerelle qui permet de traverser le ruisseau d`Errekaidorra symbolise les liens qui se tissent entre nos vallées depuis des
générations,

lraty était hier encore un lieu de vie intense basé sur l'utilisation des ressources forestières : le bois d'abord pour produire mâts et meubles, pour alimenter verrerie et autres fabriques, pour chauffer les habitations , les fruits de la forêt pour les troupeaux de brebis qui peuplent nos vallées depuis le néolithique et dont l'élevage,
l'une des premières ressources économiques a animé les premiers échanges transfrontaliers au travers des faceries. 

lraty c'est un espace géré par l'homme, lieu de mythes et légendes et qui abrite une diversité floristique et faunistique exceptionnelle. Vous découvrirez toutes ces activités qui continuent de faire battre le coeur d' Iraty aujourd'hui en parcourant le sentier d'interprètation d`Errekaidorra , ponctué de placettes  de musée à ciel  ouvert,

Iraty. un espace commun que les « Juntas de valles » de Salazar et d'Aezkoa, et les Commissions Syndicales de Soule et de Cize gèrent et développent aujourd'hui. Ce sentier transfrontalier est le fruit du projet mené conjointement par la Junta de Salazar et le Syndicat de Soule. Nous vous invitons à pénétrer  dans ce lieu caché, peu connu mais plein de vie: Iraty.

Distance totale 9830m
Déniveléé en montée ; 390 m
Durée de parcours : 2h30'
Durée pour aller aux casas de Irati :1 h

Nous voici reparti du lieu de piquenique. Nous remontons le parking, puis l'aire de Paseos a  caballos ( promenades à cheval) . Et bientôt nous arrivons au pupitre sur la faune en Iraty.




Irati la faune

La bonne conservation du bois se traduit par la présence d'une communauté complexe d'invertébrés et vertébrés qui vivent en interrelations.

La présence d'arbres morts fait le bonheur des insectes xylophages qui y prolifèrent. C'est le cas de la Rosalie des Alpes  ou de la Lucane cerf-volant dont les larves vivent cachées dans les troncs et servent d'aliments à une grande diversité d'oiseaux forestiers. Pendant que le Pic Noir ( Dryocopus martius) commun  en ces lieux trahit sa présence par ses tambourinages stridents, le Pic à dos blanc n'est représenté que par quelques couples qui constituent un noyau de reproduction isolé à l'extrême sud ouest de son aire de répartition mondiale.

Iraty héberge une bonne représentation des mammifères forestiers, comme le Sanglier (Sus scrofa), le Cerf, une multitude d'espèce de chauves-souris, mais aussi le minuscule mais typique Campagnol roussâtre et la Martre, un petit prédateur de la famille des mustélidés.

La qualité des ruisseaux et rivières s'apprécie du fait de la présence de l'étrange Desman des Pyrénées, sorte de petut rat insectivore aquatique qui plonge pour capturer des larves sous les pierres du lit de la rivière. L'abondance en eau et l'humidité ambiante assure le développement d'amphibiens endémiques des Pyrénées comme la Grenouille et l'Euprocte des Pyrénées. Leurs larves se développent dans les eaux froides et cristallines de l'Errekaidorra, et une fois métamorphosées et devenues adultes, euproctes et grenouilles vivent dans le profond manteau de feuilles humides qui tapisse les bois d'Iraty.







Irati les rames

Durant plusieurs siècles, l'usage le plus apprécié des hêtres d'Iraty était la fabrication de rames. Il y a Quatre cent ans, les arsenaux de Barcelone se procuraient dans cette forêt les bois nécessaires à la fabrication des longues rames de galère, qui mesuraient plus de 12 mètres étaient tellement lourdes qu'il fallait trois ou quatre rameurs pour les manoeuvrer.

Lorsque l'âge d'or des galères méditerranéennes fut révolu, les fabricants d'avirons continuèrent à venir travailler dans ces forêts . Au fil des siècles, ils sélectionnèrent les hêtres les plus droits et sans noeud ni défaut pour élaborer chaque année les rames aux milliers de barques, chaloupes et autres types d'embarcations. De grands marchés se tenaient à Bayonne et San Sébastien où venait s'approvisionner une bonne partie de la côte atlantique.

En forêt, les artisans fabriquaient habituellement une ébauche d'aviron. Le but de ce procédé était de réduire le bois à transporter, d'abord à dos de mulets jusqu'au village le plus proche, puis en charrette jusqu'aux ports où se trouvaient des usines où avait lieu la tranformation finale.

Ici vous pouvez observer des modèles de différentes tailles d'ébauche , telles qu'elles sortaient de la forêt et  dans lesquelles on peut déjà reconnaitre les futures rames.





Irati la flore
La forêt d'Iraty avec ses 17000 hectares répartis sur deux versants est l'une des plus étendues d'Europe occidentale. Le Hêtre en est l'espèce dominante . Sur la moitié occidentale d'Iraty , cet arbre se développe sur des sols silicieux et est accompagné d'un cortège d'espèces acidophiles comme la Myrtille. Sur sa partie orientale , se sont des sols calcaires que l'on rencontre ou du flych comme c'est le cas autour du ruisseau Urbeltza , où apparaît le Sapin pectiné , formant ainsi un des plus beaux exemples d'hêtraie sapinière , dans la limite sud-occidentale de son aire de répartition . Cette forêt abrite d'autres espèces telles que l'If commun, et des plantes herbacées endémiques rares comme le Narcisse des poètes ou le Perce-neige.

La dominance du Hêtre est telle que l'Aulne glutineux (Alnus glutinosa) typique des bords de rivières , ne parvient à s'établir que sur peu de berges et rives. La présence de saules isolés comme le Saule drapé, entre les roches des berges est plus fréquente.

C'est une forêt gérée par l'homme et, contrairement aux idées reçues , cela semble permettre la prolifération d'une flore extrêmement riche , présente à tous ses stades de développement ( de la semence au végétal sénescent ). Une grande diversité de milieux en témoignent : des formations arborées ,en passant par des zones humides , différents types de pelouses dont des pâturages subalpins de Nard raide (Nardus stricta) , affleurements rocheux , landes à bruyères atlantiques en association avec la Myrtille et l'Ajonc de Le Gall( Ulex Galli) ou le Genêt occidental (Genista occidentalis). La forêt d'Iraty héberge une excellente représentation de l'exceptionnelle diversité floristique des Pyrénées Occidentales.






Irati le Site

Iraty se trouve à l'extrémité occidentale de la chaîne des Pyrénées . Les Pyrénées ont émergé du fond de l'océan il y a 80 millions d'années, suite à la collision des plaques ibérique et eurasiatique. Cette dernière s'introduisit sous la première , élevant les rochers à plus de 3000 m et formant un arc de montagnes allant du Languedoc français jusqu'à la Galice.

Iraty se compose d'une couche de roches sédimentaires des ères Secondaire et Tertiaire, insérées entre les affleurements datant de l'ère Primaire de la zone axiale et du massif des Aldudes.

La formation géologique la plus fréquente et caractéristique dans la région est le flysch. Il s'agit d'alternance de strates de grès ( plus durs) et de marnes (plus meubles et friables). Cette alternance est produite par le glissement des coulées de sédiments le long de l'ancien talus continental sous-marin. La force de la gravité séparait les dépôts à grain grossier - qui ont donné lieu , par tassement , aux strates de grés- de ceux à grain très fin - qui, suite à des tassements et précipitations, sont à l'origine des marnes.

L'exposition à l'érosion atmosphérique pendant les derniers millions d'années a sculpté un nouveau paysage au pied du mont Ori (2000m) , entre les sources des rivières Irati et Errobi.
Les fortes pluies qui arrosent cette région sont retenues et filtrées par la forêt , évitant ainsi l'érosion et laissant l'eau à la disposition des êtres vivants.
L'homme en tire aussi parti au moyen de barrages comme celui d'Irabia. Par conséquent, la forêt est indispensable et essentielle pour la vie et la conservation de la zone.

Plié durant les oppositions entre les plaques tectoniques puis soumis à l'érosion, le flysch affleure et est observable de nos jours dans toute la région.






Irati les mâts

Il y a 150 ans , les bateaux étaient entièrement construits en bois. Durant des siècles, l'Iraty a fourni des mâts aux chantiers navals de Cartagène. Cadiz et , dans une moindre mesure , de la Rochelle. De grands sapins, comme celui-ci , étaient nécessaires à la fabrication des mâts  qui supportaient les voiles des grands galions des XVIIeme et XVIIIeme siècles.

Les sapins étaient sélectionnés de façon à produire de longs troncs de gros diamètre d'un bois résistant. Malheureusement, les hêtraies-sapins poussent en montagne, dans des régions peu accessibles et éloignées de la mer, ce qui faisait des mâts les pièces les plus chères et les plus difficiles à obtenir.Afin d'en faciliter l'exploitation , les états firent de grands investissements dans ces forêts. Ainsi en 1780, la Marine  espagnole entrepris la construction d'un grand complexe d'ateliers, entrepôts, scieries, écluses , etc ... Les restes de cet ensemble sont aujourd'hui plus connus comme les "Casas de Irati".

Les sapins d'Iraty peuvent atteindre jusqu'à 40 m de hauteur pour leur manipulation et leur transport par la rivière était impossible . le plus souvent des sections d'une vingtaine  de mètres étaient préparées en forêts où elles étaient sélectionnées et marquées par un officier de la marine , découpées et trainées jusqu'aux berges de la rivière à l'aide de cordes et d'animaux. Enfin, elles étaient écorcées et grossièrement façonnées pour en réduire le poids et faciliter leur transport par le fleuve.

Cette même technique fut également utilisée pour le transport de grandes poutres employées dans la construction d'églises ou de palais . Dans ces cas, le transport n'était pas aussi long: les bois étaient flottés jusqu'à Aoiz, Caparroso ou Tudela , d'où ils finissaient leur voyage en chariots . Ce type de transport était tellement coûteux que l'utilisation de ces bois en construction était un luxe que peu pouvaient se permettre.

NB: L'empreinte des travaux pour la construction de mâts peut également être découverte dans les forêts voisines d'Issaux et Pacq ( chemin de la mâture taillé dans la pierre)







Irati les écluses

Dès le moyen âge , et jusqu'en 1940, la rivière fut la principale porte de sortie pour les bois exploités dans la forêt d'Irati-Salazar. Le manque d'eau limitait cependant celui-ci à de courtes périodes  et réduisait également les possibilités en termes de quantité et dimensions des bois flottés. A la fin du XVIIIème siécle , les grandes exploitations de mâts motivèrent la construction d'un onéreux système de retenues afin d'augmenter la capacité de transport.

Ces retenues furent appelées "écluses" car elles permettaient d'augmenter temporairement le niveau de la rivière, créant ainsi une vague capable d'entrainer les troncs lorsqu'elles s'ouvraient . Au fil du temps, plusieurs systèmes furent construits et détruits en Iraty. En tout, il s'en construit une douzaine dont certaines fonctionnèrent sans interruption durant plus d'un siècle.

Les plus importantes , situées dans les cours d'eau principaux, furent construites en pierre, tandis que celles situées plus profondément dans la foret comme celle-ci étaient faites de bois et de fers. La structure en sapin et les planches de hêtres souffraient beaucoup des crues et du choc des bois flottés  et étaient continuellement en réparation. Avec le temps , leur conception fut perfectionné et celle -ci , dotée de renforts latéraux en pierre fut construite en 1889 et fut maintenue en activité presque jusqu'en 1940.

En son centre se trouvait une grande porte que l'on fermait avant chaque utilisation. Le responsable de l'écluse devait faire preuve d'un grand savoir faire pour savoir quand et comment lâcher l'eau et comment disposer les bois dans le lit de la rivière pour que ceux-ci aillent le plus loin possible sans causer de dégâts à l'écluse ou à celles situées en aval. D'autres travailleurs équipés de perches et de bâtons parcourraient les berges pour éviter que les bois ne s'échouent ou s'entravent.








Irati Charbon et  cendres

Le charbon , ainsi que le bois de feu furent durant des siècles les produits les plus recherchés en forêt: il s'agissait de la principale source d'énergie dont disposait nos sociétés. Les industries se situaient à proximité ou à l'intérieur des forêts , car leur transport était très cher.
Entre 1750 et 1850, le charbonnage eut une grande importance dans de nombreuses zones d'Iraty, afin de fournir les forges de Mendive , Larrau et Aezkoa, la fonderie de cuivre de Txangos et la fabrique d'armes d'Orbaitzeta.

Dans des zones comme celle-ci, éloignées de ces industries, le charbonnage fut assez rare, fait exceptionnel dans les hêtraies européennes. Entre 1824 et 1835, un produit très proche du charbon à tout de même été exploité dans ces parages: les cendres. Celles-ci étaient destinées à la fabrication de verre, dans la petite fabrique installée sur les berges de la rivière à proximité de l'actuel chalet Pedro.

Pour fabriquer le charbon, il fallait d'abord construire une charbonnière, constituée par les bois à transformer empilés selon un ordre précis et recouverts de terre.
Une fois la structure préparée, un feu était allumé à l'intérieur et le manque d'air permettait de contrôler la combustion  qui était donc très lente. De cette façon, toute l'eau du bois s'évaporait et celui-ci perdait une part considérable de son poids tout en conservant une grande partie de son énergie.

Pour la fabrication des cendres, le bois était entièrement brulé. Ce n'est pas l'énergie qui intéressait le fabricant, mais uniquement les substances chimiques (potasse) que contenait le bois. Il s'agissait cependant également d'opérations délicates, le vent ou la pluie pouvant emporter en quelques instants le fruit de plusieurs jours de travail.


et l'on termine ce très intéressant sentier d'interprétation au parking de Paxula.
A consulter : http://www.irati.org/fr/randonnee/sentier-interpretatif-erreka-idorra


Randonnées et Petites Randonnées en Garazi Baïgorri